Si on s’aimait

Industrie

Et si l’automne devenait la saison des amours et que l’on décidait de s’aimer à travers les contenus que l’on produit ici. Des contenus pour tous les écrans qui nous présentent et nous représentent, qui nous distinguent et qui nous rassemblent.

Depuis le dépôt du rapport du Groupe de travail sur l’avenir de l’audiovisuel au Québec, on sent enfin une prise de conscience collective sur l’urgence d’agir pour soutenir une industrie culturelle qui est l’un des fondements de notre identité.  En plus de tracer une voie à suivre ambitieuse et bien ancrée dans la réalité, « Souffler les braises » aura réussi le quasi-miracle de fédérer le milieu autour d’un désir commun de sauver une industrie en péril que nul ne souhaite voir sombrer au profit d’une unicité culturelle américaine.

La confirmation de Mathieu Lacombe à titre de ministre de la Culture et des Communications suscite l’espoir que ce rapport ne prenne pas la poussière, mais le temps presse et la mise en œuvre rapide des recommandations qu’il contient doit devenir une priorité du gouvernement et de son chef de file, François Legault. Agir rapidement pour empêcher que notre imaginaire culturel québécois s’atrophie comme le soulignait Patrick Lagacé. Cet appel à l’action devrait s’élever au-delà des considérations transpartisanes pour être porté par tous les partis politiques du Québec qui demeurent, pour le moment, bien silencieux à cet égard.

Si cet embrasement commence à se faire sentir au Québec, on doit tout même souligner qu’au niveau fédéral, ce désir de soutenir la culture manque de vigueur malgré les 180 000 emplois (équivalents temps plein) générés par l’industrie audiovisuelle canadienne qui devraient pourtant faire vibrer la fibre économique du gouvernement de Mark Carney. Pour le moment et malgré de nombreuses représentations à cet effet, à part un soutien clairement exprimé et chiffré envers CBC/Radio-Canada, aucune déclaration n’a été faite pour rassurer le milieu de l’audiovisuel sur l’avenir de Téléfilm Canada, du Fonds des médias du Canada et même sur la survie des fondements de la réforme de la radiodiffusion (PL C-11) afin de faire contribuer les plateformes de diffusion en ligne à la création de contenu canadien. On annonce de grands projets qui créeront quelques milliers d’emplois dans certaines villes du pays comme étant les fers de lance d’un renouveau économique alors que l’industrie audiovisuelle canadienne, présente dans toutes les régions, en a perdu 22 % l’an dernier. Oserons-nous dire à un banquier qu’il s’égare dans ses calculs et que la souveraineté d’un pays ne s’exprime pas seulement par son économie, mais aussi par l’amour qu’il porte à sa culture et à ses bâtisseurs?

Hélène Messier, présidente-directrice générale.