Photo: Qui fait quoi (Justine Baillargeon)
L’Association coopérative de productions audiovisuelles, mieux connue sous son acronyme ACPAV compte parmi les tout premiers membres de l’AQPM. Marc Daigle, l’un de ses fondateurs, s’en souvient : à l’époque, celle qui s’appelait alors l’Association des producteurs de films du Québec (APFQ) est née pour soutenir le long métrage. « Elle fonctionnait un peu sur le principe des coopératives, des gens se retrouvant pour diverses demandes et revendications, se souvient-il. Face aux syndicats, nous ne pouvions pas y aller de façon individuelle. »
Au fil du temps, l’association a évolué de l’intérieur. En être membre permettait de se trouver au coeur de ce qui passait dans le domaine de l’audiovisuel, de participer à son évolution. L’ancêtre de Téléfilm Canada, la Société de développement de l’industrie cinématographique canadienne (SDICC) se vouait alors uniquement au cinéma. Les temps ont changé, le volume de productions télévisuelles a pris le dessus, l’industrie du cinéma se tournant vers la production de services et la coproduction. L’APFQ devient, en 1990, l’Association des producteurs de films et de télévision du Québec (APFTQ).
L’AQPM, nom adopté en 2013 pour mieux refléter la réalité de la production médiatique, veut lancer un message fort et veut se montrer constructive dans ce qui se passe dans l’industrie. Elle entend à ce que le contenu soit prioritaire, pas simplement en termes industriel et économique, mais aussi culturel. « Être producteur, ce n’est pas seulement comprendre comment cela fonctionne de façon économique et industrielle, note Marc Daigle. Je me souviens du congrès lors duquel on a appris que Téléfilm allait financer la télévision. C’était avant l’arrivée du Fonds des médias du Canada. Cela a été une étape très importante dans l’évolution de la production. » L’AQPM doit se trouver au coeur des transformations de l’industrie, estime le cofondateur de l’ACPAV, mais, plus encore, elle doit être en avance des changements pour créer les meilleures conditions pour produire. « Il faut que les gens comprennent bien ce qu’est un producteur indépendant », dit-il.
On a moins vu dans le secteur du cinéma de consolidation comme ça été le cas en télévision, mais certaines entreprises qui étaient indépendantes, comme Cinémaginaire, Go Films ou encore WaZabi Films ont fait le choix de se joindre à de plus grands groupes. Or, Marc Daigle pense que les choses vont continuer à évoluer dans 5 ou 10 ans, avec l’arrivée d’une nouvelle génération de producteurs.
C’est une tendance que l’on voit ailleurs dans le secteur culturel, Spectra rejoignant evenko, Audiogram acquis par Québecor. Cela fait partie de l’évolution, explique, philosophe, Marc Daigle. Ce ne sera probablement pas comme le grand mouvement en télévision. Le rôle de l’AQPM est de faire en sorte que les éléments neufs puissent émerger, surtout dans le domaine du cinéma.
« Nous sommes en réflexion avec l’AQPM, note le producteur. D’ailleurs, je siège au conseil d’administration à titre de vice-président, long métrage. Il faut participer, être toujours aux aguets, mais aussi en avance de la réflexion à venir. L’association agit à la fois de façon pratique, par exemple dans les représentations, mais aussi sur la question des assurances pendant la pandémie et le financement du secteur.
L’AQPM assume un travail énorme et il faut faire en sorte que cela continue. Je pense notamment aux changements dans les cadres réglementaires qui s’en viennent, ainsi que tout ce qui se passe à Téléfilm, avec des changements dans le personnel. »
Depuis 20 ans, il n’y a pas eu d’investissement significatif en long métrage, rappelle Marc Daigle. Oui, il y a eu de l’argent supplémentaire, mais pas pour la production proprement dite. L’arrivée des plateformes de diffusion en continu bouleverse aussi l’industrie.
« Pour la suite, je souhaite l’implication des membres, la force de l’association se trouve dans ses membres. Il faut qu’un grand nombre de personnes se mobilisent », conclut Marc Daigle.
Propos recueillis par Sophie Bernard pour le Qui fait quoi no 407 (mai 2021).