C’est en temps de crise que Guillaume Lespérance a compris la force de frappe de l’AQPM

Photo: Frédéric Bouchard

Guillaume Lespérance est devenu membre de l’AQPM lorsqu’il a lancé sa maison de production et, surtout, pour sa première production Web, « En audition avec Simon », websérie pionnière qui a marqué l’univers audiovisuel numérique au Québec. Alors que, à l’époque, les producteurs ne savaient pas trop quoi faire avec ce nouveau média, l’association a aidé le jeune producteur qu’il était à l’époque à naviguer dans ce nouveau territoire. C’est donc tout naturellement qu’il est devenu membre à part entière par la suite.

« Je n’ai pas été un membre très engagé pendant plusieurs années, reconnaît le fondateur de A Média Productions. Ce qui est paradoxal dans mon cas est que je dirige une grosse boîte, mais je n’ai pas d’équipe permanente, pas de bureau. C’est quand la crise de la COVID-19 a frappé que je me suis rendu compte de l’importance de l’AQPM qui possède des réseaux, des contacts politiques et culturels. »

L’AQPM a sauvé l’année audiovisuelle, affirme Guillaume Lespérance, et c’est ce qui l’a poussé à s’y engager réellement, en prenant part à des comités. Et, avec d’autres producteurs, il a fait des représentations auprès du gouvernement, afin que l’on maintienne et que l’on reprenne les tournages.

L’année 2020 fut bien triste, dit-il. Pourtant, cela fut une des années les plus importantes pour lui, tant en termes de volume de productions qu’en termes de cotes d’écoute. Il se dit encore très inquiet et attend la vaccination avec impatience. « C’est là que j’ai apprécié le travail réalisé par l’AQPM, souligne le producteur. Hélène Messier et Geneviève Leduc ont travaillé nuit et jour et nous ont représentés auprès de la SODEC et des gouvernements pour bien expliquer les besoins des producteurs. »

A Média produit tous les genres, talk-shows, documentaires, fictions et variétés et, en 2020, la demande s’est avérée très forte pour les contenus. Le public s’est montré fidèle au poste. « J’ai fait le constat, il y a un an, quand la pandémie a frappé, que si nous n’étions pas présents comme producteurs québécois et canadiens, les gens allaient se tourner vers les plateformes et qu’il ne serait pas évident de les faire revenir, note Guillaume Lespérance. Le « Bye Bye » a failli ne pas se faire et les gens ont été extrêmement reconnaissants qu’on ait pu le présenter. Personnellement, je l’ai toujours regardé le lendemain, mais, en réalité, beaucoup de gens se trouvent seuls le 31 décembre. Il fallait donc maintenir la tradition. »

Oui la pandémie a occupé l’équipe de l’AQPM et ses comités, pour autant, les autres grands dossiers n’ont pas disparu par magie. Les défis auxquels les producteurs font face aujourd’hui ne seront pas les mêmes dans dix ans. Le milieu bouge excessivement rapidement, il se trouve tout le temps en mouvement et il faut demeurer très fluide pour survivre. Et parmi les dossiers importants, Guillaume Lespérance souligne celui de la diversité à l’écran, mais, surtout, derrière l’écran. Le producteur donne en exemple l’édition 2020 du « Bye Bye » pour laquelle il a fait appel à de nouveaux collaborateurs issus de la diversité. « Cela m’a permis de croiser des gens que je n’aurai pas rencontrés autrement, dit-il. Peut-être que je ne retravaillerai pas avec certains d’entre eux, peut-être que je retravaillerai avec d’autres. Je trouve intéressant d’entendre ce que ces gens ont à dire comme créateurs, comme auteurs. »

Guillaume Lespérance l’avoue : il est très très inquiet pour les deux prochains mois. Il regarde ce qui s’est passé au début du mois d’avril à Québec et l’arrivée de variants très contagieux. Il confie toutefois avoir bon espoir que, d’ici la mi-juillet et au mois d’août, on aura atteint un degré d’immunité et qui fera en sorte que la vie d’avant puisse reprendre sur les plateaux.

En ce 55e anniversaire de l’AQPM, Guillaume Lespérance souhaite à toute l’industrie audiovisuelle d’être aussi pertinente et forte qu’elle l’a été dans les dernières années. Il y a quelques années, plusieurs annonçaient la mort de la télévision, mais le producteur préfère être positif : « On doit absolument protéger l’écosystème avec un financement stable et permettre aux diffuseurs de planifier à moyen terme. Je suis très optimiste pour les cinq prochaines années. C’est à nous, avec l’AQPM, de mettre la table afin que, par nos contenus, notre culture vive. »

Propos recueillis par Sophie Bernard pour le Qui fait quoi no 407 (mai 2021).