Photo: courtoisie
Les Films Outsiders est membre de l’Association québécoise de la production médiatique depuis sa fondation en 1994. À l’époque, l’association était connue sous l’appellation Association des producteurs de films et de télévision du Québec (APFTQ) et Ginette Petit s’était aussi associée à Pierre Gendron chez Bloom Films. Elle s’est donc retrouvée à collaborer avec l’AQPM depuis de nombreuses années, une évidence pour elle, ne serait-ce que pour la mise à jour constante relativement aux ententes collectives des autres syndicats, mais aussi, et surtout pour l’échange et le partage avec ses collègues.
« J’ai toujours aimé le Congrès de l’AQPM. J’ai toujours apprécié les moments de rencontres avec mes pairs. Il y en a peu dans notre industrie. L’association favorise énormément ces échanges. C’est un terrain plus neutre où nous pouvons faire évoluer nos connaissances. C’est rare, en tant que producteurs, que nous avons la chance de nous comparer à d’autres façons de travailler », confie la fondatrice des Films Outsiders au moment de souligner les 55 ans de l’AQPM.
La productrice indique également, qu’à son entrée au sein de l’association, elle a pu poser des questions à ceux et celles qui étaient là avant elle, ce qui lui a permis de prendre le pouls de la production médiatique au Québec. Elle rappelle qu’il est toujours important de bien comprendre d’où nous venons dans ce milieu afin d’envisager avec plus d’inventivité la suite des choses.
Mentionnant le changement d’appellation qui s’est opéré en 2013 lorsque l’association a choisi d’inclure l’ensemble de la production médiatique, la productrice note que l’AQPM a ainsi pu faire place à une nouvelle génération de collègues. Et ce, malgré le regroupement d’une poignée de producteurs et productrices qui rencontrent davantage de difficultés à produire selon les ententes collectives des autres syndicats et du code de déontologie de l’association, comme par exemple l’Union des producteurs et productrices du cinéma québécois (UPPCQ) créée l’an passé.
« Il y a un enjeu pour les plus jeunes, reconnait Ginette Petit. Ça a été comme ça pour chaque nouvelle génération. J’ai vécu les mêmes problèmes quand j’ai commencé à produire. Mais plus tard, j’ai été contente de respecter adéquatement les conventions sans avoir à demander des statuts particuliers. »
Elle constate également le dynamisme de l’association et de son équipe menée par Hélène Messier. L’évolution du regroupement se fait sentir à différentes échelles, que ce soit dans les contacts avec les instances décisionnelles pour le financement ainsi qu’à travers le rayonnement de la cinématographie, des productions télévisuelles et des projets destinés aux plateformes numériques d’ici à l’international.
Même durant la pandémie, l’APQM a joué un rôle essentiel. La production médiatique a été arrêtée brutalement et l’association est demeurée disponible et proactive pour les entreprises, ce qui a contribué à la reprise des tournages quelques mois plus tard. Ici aussi, la fondatrice des Films Outsiders relève la nécessité d’échanger avec ses collègues dans les moments de crise.
Autrement, les douze derniers mois auront également servi à prendre du temps. Que ce soit pour développer de nouveaux projets, en revisiter d’autres, ou encore afin de faire le point sur les lignes éditoriales au sein des entreprises. « J’ai l’impression que nous allons repartir en grande pompe cette année. Il va y avoir une recrudescence de productions. Et je pense que du côté du contenu, nous allons aussi avoir eu plus de temps. Ça risque de se refléter dans le produit fini », prédit Ginette Petit. Siégeant également à titre de représentante de la section documentaire sur le conseil d’administration de l’AQPM, la productrice cherche à veiller sur la visibilité du genre qui connaît un problème majeur quant à ses fenêtres de diffusion et à son financement. À ses yeux, un des défis qu’elle considère comme le plus important à la lumière de ces difficultés rencontrées est l’exportation des documentaires québécois. Les productions d’ici sont assez fortes pour explorer de nouveaux marchés. Or, beaucoup de travail reste à faire sur cet aspect, évalue-t-elle.
Toutefois, la question de l’accès au financement représente un enjeu pour toute l’industrie, précise Ginette Petit. Non seulement le manque de fonds est criant du côté de Téléfilm Canada, mais la fin du Fonds Harold Greenberg annoncé il y a quelques mois laisse présager que le même sort attend d’autres enveloppes ou aides. « Il faudrait solidifier ce qui représente notre culture, soit la pérennité des maisons de production et des créateurs. Nous voyons à quel point nous avons besoin de différents points de vue. C’est important que nous puissions continuer sur notre lancée », explique la productrice.
Propos recueillis par Frédéric Bouchard pour le Qui fait quoi no 407 (mai 2021).