L’AQPM sait défendre les intérêts de la production médiatique, estime Louis-Philippe Drolet

Photo: KOTV

Dès la création de l’entreprise en 2011, KOTV est devenu membre de l’Association québécoise de la production médiatique. Le trio de fondateurs composé de Louis Morissette, Louis-Philippe Drolet et Alain Chicoine souhaitait se lancer en utilisant les conventions collectives négociées entre l’AQPM, célébrant ses 55 ans, et les différents syndicats. Le premier projet de la boîte était d’ailleurs le « Bye Bye 2010 », une production régit par ces règles de l’industrie.

« Ce n’était pas seulement une évidence pour avoir accès aux ententes, mais aussi parce que pour moi c’est un incontournable pour les producteurs », explique Louis-Philippe Drolet qui, avant de cofonder KOTV, a pu observer l’industrie en tant que producteur délégué et directeur de production pour d’autres compagnies.

« Nous sommes beaucoup plus forts en groupe. L’AQPM c’est une source d’information, de négociations et de formation. Pour moi ça s’imposait que non seulement j’allais être membre, mais qu’éventuellement, avec les années j’allais avoir un désir de m’engager », ajoute-t-il. Plus précisément, le producteur est devenu membre du conseil d’administration de l’AQPM à titre de représentant de la section télévision. Ce siège lui offre le privilège d’être au premier rang d’un réseau réfléchissant au milieu. Il avoue également vouloir mettre l’épaule à la roue en ce qui concerne la question du financement des différents programmes. Il souhaite appuyer, défendre et proposer différentes aides financières pouvant bénéficier positivement au domaine de la télévision.

« Il s’agit de prendre état du terrain, amener le tout autour d’une table afin de mieux réfléchir et améliorer les conditions de notre industrie, indique celui qui est également membre du conseil d’administration de la SODEC. Cela permet également de contribuer chaque année aux mémoires déposés aux gouvernements pour faire des demandes du côté des enveloppes budgétaires du ministère de la Culture et des Communications et de défendre certains dossiers auprès de Patrimoine canadien. »

Au fil des dernières années, l’association a su défendre les intérêts de la production médiatique, voire même dans certains cas de les protéger, reconnaît le producteur. Car bien que la présence d’organisations syndicales telles l’UDA, l’ARRQ, l’AQTIS ou la SARTEC représente quelque chose de très sain pour l’écosystème audiovisuel, l’existence d’un regroupement de producteurs et de productrices est aussi nécessaire pour échanger sur leur réalité qui ne consiste pas uniquement à transiger avec ces autres syndicats. En effet, les relations avec les diffuseurs et les instances gouvernementales permettent de faire croître les budgets ou encore de chercher à obtenir des enveloppes supplémentaires afin de soutenir des secteurs plus particuliers, par exemple la production jeunesse.

« L’AQPM a réussi au fil des ans à ne pas être derrière les tendances, mais à les suivre et parfois même à ouvrir des portes et provoquer certaines choses. Lorsqu’il s’agit de parler des plateformes numériques et de se demander si nous devons les taxer, l’AQPM sait de quoi elle parle », décrit Louis-Philippe Drolet. L’association consulte ses membres, rédiger des mémoires, extrait des données pour illustrer l’importance de cet enjeu. À ce titre, l’association a su s’adapter et se moderniser face à cette nouvelle réalité ainsi qu’à l’importance de l’exportation du contenu, salue Louis-Philippe Drolet.

Un autre cas où l’AQPM s’est montrée particulièrement active est certainement la pandémie. En travaillant de concert avec les différents gouvernements et les instances de financement, elle a pu contribuer à l’instauration des programmes d’aide en temps de COVID-19. La représentation des membres de l’équipe, la présidente-directrice générale Hélène Messier et la directrice des relations de travail et des affaires juridiques Geneviève Leduc en tête, a été extraordinaire devant les divers organismes et a permis d’assurer la reprise des activités de l’industrie audiovisuelle, souligne le producteur.

« J’entrevois 2021 comme la continuité de 2020 avec ces programmes que nous avons réussi à aller chercher et qui semblent se reconduire pour cette année, confie-t-il rappelant l’incertitude du contexte actuel qui perdure. Tout est possible encore. L’idée est de conserver la tête en dehors de l’eau et de garder le cap. »

Pour la suite des choses, le cheval de bataille de la production médiatique demeure le travail de conscientisation par rapport au financement, évalue Louis-Philippe Drolet. Avec la présence de plus en plus marquée des plateformes numériques étrangères dans l’écosystème et en dépit de productions qui souffrent toujours de comparaison avec le Canada anglais où le budget est de 2 à 4 fois plus élevé qu’au Québec, les efforts doivent être investis pour démontrer que la culture est un moteur économique extrêmement important sur le territoire.

« C’est aussi un secteur où les salaires sont très intéressants. Donc, ça veut dire des gens qui dépensent, qui achètent des maisons, des voitures et qui consomment. Le divertissement reste quelque chose dont tout le monde a besoin », rappelle le producteur.

Propos recueillis par Frédéric Bouchard pour le Qui fait quoi no 407 (mai 2021).