Création de contenu «Du web à la télé, de la télé au web»

Le 12 septembre, l’AQPM présentait un panel dans le cadre du Salon des membres des prix Gémeaux. Modéré par Anne-Valérie Tremblay, responsable du financement et des services aux membres à l’AQPM, le panel réunissait Anas Hassouna, humoriste, comédien et créateur de contenu, Erich Preach, comédien, créateur de contenu et animateur ainsi que Raphaëlle Huysmans, vice-présidente exécutive chez Urbania. Cette rencontre avec des créateurs et des producteurs qui récoltent les succès sur le web et à la télé a permis de raconter comment s’opère le passage d’une plateforme à l’autre.

Il a été notamment question des raisons qui ont poussé Anas Hassouna et Erich Preach à choisir d’abord de diffuser leurs contenus sur le web plutôt que sur les médias traditionnels. Le sentiment de pouvoir exister plus librement et de se reconnaître davantage sur les plateformes qu’à la télévision ont été cités comme étant parmi les principales motivations. La pandémie a accéléré la tendance alors que les auditoires étaient plus disponibles pour consommer du contenu et que le confinement donnait aux créateurs l’opportunité de se consacrer à ce type de projets avec peu de moyens.

Au fil du temps, la notoriété et les auditoires des deux humoristes se sont construits. À ce titre, la production en ligne On est là! coanimée par Anas Hassouna compte près de 300 000 abonnés et la chaîne YouTube Aba and Preach rassemble, quant à elle, près de deux millions d’abonnés. Certaines des capsules ont été visionnées plus de 35 millions de fois par un public établi aux quatre coins du monde.

Chez Urbania, le recours à différentes plateformes pour servir le contenu fait partie de l’ADN de l’entreprise depuis sa création. À la fois média, agence créative et producteur indépendant, Urbania propulse une grande quantité de contenus audiovisuels et écrits sur les plateformes en ligne, à la télé traditionnelle et en baladodiffusion. Une fine connaissance de la communauté qui adhère à la marque Urbania est cruciale pour l’entreprise. Grâce aux données d’affluence, à l’engagement des usagers et à l’analyse de ses habitudes de navigation, l’entreprise sait comment rejoindre ses auditoires.

Face à tant de succès, qu’est-ce qui pousse malgré tout les créateurs et les entreprises de production à vouloir faire la transition vers la télévision ? D’abord, les moyens financiers dont disposent les diffuseurs sont plus grands de sorte que selon les panélistes, certaines de leurs idées ne pourraient voir le jour avec les moyens limités du web. De plus, des contenus qui nécessitent plus de temps pour être déployés, tant en fiction qu’en documentaire se prêtent mieux à une écoute sur les médias traditionnels. Enfin, la notoriété et la reconnaissance que confère une présence à la télévision dans l’imaginaire collectif demeurent une motivation très forte pour vouloir y accéder. Inversement, le fait que de larges communautés suivent les créateurs en ligne est attrayant pour les diffuseurs qui leur tendent eux aussi la main afin de ramener ce public vers leurs propres chaînes. Il est très difficile de savoir si ce passage s’effectue réellement en l’absence d’indicateurs permettant de valider cette information.

En faisant le saut du web à la télé, des éléments doivent être mis de côté par les créateurs comme le contact direct avec l’auditoire et la relation avec les annonceurs en raison des différents intermédiaires s’immisçant dans l’équation. Pour conclure la discussion, les panélistes ont été invités à mentionner un élément que les médias traditionnels devraient selon eux retenir des plateformes en ligne. Une plus grande prise de risques et un détachement des contraintes imposées par les grilles horaires ont fait l’unanimité.