Photo: Qui fait quoi
Caroline Gaudette a fondé Version 10 en 2004. Les activités de l’entreprise étaient alors surtout concentrées dans la production numérique. L’équipe concevait des sites et des applications Web, de même que des installations, naviguant depuis les tout débuts dans le secteur de l’audiovisuel. En effet, des projets furent souvent reliés à des émissions télévisées (« Une autre histoire », « District 31 », « Les pays d’en haut ») ou encore des films (« Votez Bougon »). Au fil du temps, des opportunités se sont présentées à la boîte pour produire son propre contenu. Et voilà qu’en décembre 2020, cette dernière est devenue membre de l’Association québécoise de la production médiatique, qui célèbre ses 55 ans.
Avec deux webséries à son actif (« L’étrange province », « Vieux jeu ») et une prochaine destinée à ICI Tou.tv dont le tournage est prévu pour bientôt, Caroline Gaudette avait besoin de se joindre à cette association. « Évidemment, il y a toute la notion des ententes et des conventions collectives qui sont négociées pour nous. Mais plus que ça, pour nous ça marquait tout de même un virage : nous allons faire de plus en plus de ces productions pour des plateformes numériques. Et c’est ce qui a motivé la décision de se joindre à l’AQPM », raconte-t-elle en entrevue. De plus, la productrice remplace depuis quelques mois Vicky Bounadère au sein du conseil d’administration de l’association. Elle siège à titre de représentante de la section Relève. Certes, cette étiquette est souvent associée à la jeunesse, concède la présidente de Version 10, mais il arrive parfois que des entreprises comme la sienne qui sont établies depuis un certain moment se découvrent une « vocation tardive ».
Ce rôle, elle le perçoit comme une opportunité extraordinaire de représenter d’autres individus qui en sont aux mêmes étapes qu’elle. En discutant avec d’autres producteurs et productrices qui évoluent dans les projets destinés aux plateformes numériques, la productrice constate que plusieurs de ses collègues sont confrontés à la même réalité. « C’est-à-dire que nous arrivons dans un univers où nous connaissons la production, mais la production audiovisuelle est très encadrée, donc nous avons beaucoup à apprendre. Il y a des enjeux qui sont peut-être plus spécifiques à la relève et je pense que je suis capable de bien représenter les défis qui s’offrent à ces entreprises », indique-t-elle.
À ce propos, Caroline Gaudette rappelle que les productions de la relève sont souvent plus artisanales. Dans le cas des séries Web diffusées sur les plateformes numériques, le financement n’est évidemment pas le même que les séries destinées à la télévision, ce qui force les équipes à faire preuve de créativité dans la manière de concevoir la production.
« En même temps, c’est aussi un secteur qui est un petit peu moins bien encadré. Il y a des ententes collectives qui existent, mais nous sommes plus dans des zones grises parfois. Heureusement, de nouvelles ententes devraient s’ajouter », ajoute la productrice.
Encore à ses débuts auprès de l’AQPM, la fondatrice de Version 10 constate cependant que les entreprises vont décider de devenir membre de l’association non seulement pour l’économie considérable de temps qu’elle permet de faire par ses liens et sa connaissance des différents syndicats, mais surtout pour les services, au final beaucoup plus larges, qu’elle propose.
L’équipe en place est là pour représenter les producteurs et productrices dans tous les enjeux de l’industrie, qu’il s’agisse du financement, de la formation, du rayonnement à l’international ou encore du bouleversement pandémique qui a nécessité de l’AQPM de s’assurer que les productions tournaient de façon extrêmement rigoureuse. « Ça a permis de poursuivre le travail pour que nous puissions continuer à tourner. Le premier ministre a reconnu nos pratiques sécuritaires. L’AQPM a joué un rôle très important pour s’assurer que l’aide temporaire soit maintenue », salut Caroline Gaudette.
Pour la suite des choses, la productrice estime que les dossiers les plus urgents de l’AQPM concernent les relations de travail, mais aussi, et nous y revenons toujours, le financement. « Il faut s’assurer que les mécanismes de financement des organismes offrent des programmes qui correspondent à nos besoins. L’association est là pour s’assurer des rectifications, même dans les secteurs jeunesse et de l’animation. L’effort est mis pour que ces disciplines soient mieux soutenues et pour que la propriété intellectuelle québécoise rayonne à l’international. Il y a beaucoup de talents chez nous, nous le savons, mais je pense qu’il y a certainement des choses à faire pour que les opportunités soient suffisantes ici », évalue-t-elle.
Propos recueillis par Frédéric Bouchard pour le Qui fait quoi no 407 (mai 2021).